le champ / 2

Après ma petite virée dans le champ, heureuse des découvertes fabuleuses et de l'ambiance apaisante que le lieu m'avait offert, je décide de m'offrir une deuxième journée... retrouver les habitants découverts la veille, comme on part retrouver de vieilles connaissances...
J'arrive vers 10h00 du matin et le soleil est déjà haut.

Mais lorsque j'arrive, le paysage est autre. La faucheuse est passée, partout.
J'entends encore les grillons chanter, mais tout semble différent, en attente, en méfiance.
J'ai le coeur serré en me rappelant la multitude d'insectes qui habitaient les lieux hier encore et j'imagine sans mal les milliers que la faucheuse a décimés.

Juste avant la forêt, l'herbe est restée haute sur une bande d'environ 2 mètres.
Je retrouve là un nombre absolument incroyable d'insectes venus s'y réfugier. Tous agglutinés sur et sous les feuilles, pour la plupart immobiles, cohabitant dans un semblant de trêve...

Je sais que la vie d'un insecte ne vaut pas grand chose dans notre monde. Je sais que moi-même, en marchant dans l'herbe pour aller à leur rencontre, j'en écrase fatalement un bon nombre. Je sais que leur système nerveux est rudimentaire et que leur souffrance ne peut en aucune façon être assimiler à la notre. Je sais qu'il n'ont aucune conscience d'être....

Je sais tout ça... mais je suis bouleversée.

Je leur parle... je me parle en fait.
Je leur dit que je sais à quel point la matinée a du être rude pour eux... qu'ils ont vécu des heures cruelles.
Je leur dit que je sais bien que leur sort n'est pas enviable... manger ou être manger... le vent, la pluie...  que c'est vivre pour se reproduire... et que leur beauté ne sert qu'à nous, humain, qui avons idée de ce qu'est la beauté... (enfin... c'est à débattre bien sûr)

Je prends encore plus de précautions que d'habitude. marche doucement, écartant les herbes pour être sûr de ne pas en écraser d'avantage... Mes gestes sont lents. Je ne veux pas être un agression supplémentaire.

Et je clic... la vie.