Ceux qui font peur / les guêpes
Il n'y a pas si longtemps, j'avais une peur phobique des guêpes et frelons.
Même si, par la force des choses, j'avais appris à un peu mieux me contrôler lorsque j'étais en présence de l'un ou l'autre, je perdais très vite mes moyens, mon souffle, et toute ma volonté n'était concentrée que vers un seul but : ne pas me laisser déborder par la crise de nerf... le temps que quelqu'un me sorte d'affaire.
Avec la venue de notre fils autiste, je n'ai pas eu d'autre choix que de travailler encore ma capacité à me contrôler, en tous les cas en apparence, mais jamais, au grand jamais, je n'aurais pu m'imaginer un jour côtoyer de près ces deux insectes, à mon goût plus terrifiants que bien d'autres, et encore moins, partir moi-même à leur recherche.
C'est pourtant ce que je fais aujourd'hui, et même si j'ai toujours une petite appréhension, un rythme cardiaque qui s'accélère lorsque leur bourdonnement vrombit à mon oreille. Je sais me contenir, les regarder, les photographier.
Au mois d'aout encore (c'est dire si tout ça est nouveau pour moi), je n'arrivais pas à photographier les frelons. je pouvais rester à peu près calme, les viser, cliquer... mais toutes les photos étaient ratées. Je tremblais trop, ma respiration était trop saccadée et je perdais mes moyens pour faire la mise au point.
La plus réussie d'entre elle donnait cela :
vous voyez un peu de quoi je parle !
Avec les guêpes, je m'en sortais un peu mieux... faut dire que contrairement au frelon qui en semble incapable, la guêpe sait parfois rester en place.
***
Et puis, le 13 août dernier, alors que j'arpentais un champ en altitude, je suis tombée nez à nez avec un nid de guêpes au sol, qui venait de se faire saccager par je ne sais quel animal. Cela avait du se faire juste avant mon arrivée... peut-être même était-ce ma présence qui avait fait fuir l'intrus en question.
Quoi qu'il en soit, lorsque j'ai réalisé qu'à 3 mètres de moi s'ouvrait au sol un trou de la largeur d'un homme, j'ai eu le souffle coupé.
Les guêpes semblaient particulièrement stressées, mais paradoxalement, elles m'ont ignorée pendant un moment, très occupées à réparer les dégâts que leur nid venait de subir, à protéger les larves dont certaines jonchaient l'herbe à mes pieds, et probablement devaient-elles s'occuper de déménager la reine dans un endroit plus sûr. Bref, l'activité battait son plein, et c'est environs 200 à 300 guêpes qui s'affairaient là, juste à mes pieds.
Je ne sais pas comment j'aurais réagi avant cela, alors que ma phobie était à son comble... Je ne sais pas non plus ce qui me serait arrivé si j'avais fait trois pas de plus le nez en l'air... j'avoue ne pas trop m'amuser avec ces deux questions...
Mais ce jour là, j'ai pu allumer mon appareil photo que je tiens toujours à la main lorsque je me balade, j'ai pu viser, faire le point et m'emparer d'une partie de ce que j'avais sous les yeux.
Ce ne sont pas de belles photos, loin s'en faut... mais elles sont là malgré tout, et c'est, outre l'illustration de cette histoire, le symbole de ma victoire sur cette peur.
Bien qu'elle soit très floue, je vous met tout de même la première photo qui est la seule que j'ai en plan suffisamment large pour que vous puissiez vous faire une idée de la taille absolument incroyable de ce trou. Je parierais sur un diamètre de 50 ou 60 cm ! On distingue dans le quart supérieur gauche une petite tache blanche. C'est l'une des nombreuses larves éjectées au sol que les guêpes ramassaient une à une pour les mettre ensuite à l'abri dans les profondeur de leur nid.
Ensuite, j'ai eu l'audace (l'inconscience) de me rapprocher... et je n'ai pu faire que des plans serrés.
La dernière photo les montre affairées sur un morceau de leur nid qui avait été littéralement éjecté , comme un couvercle ! peut-être en était-ce un d'ailleurs. Les alvéoles sont pleines à craquer de larves que les guêpes semblent ici continuer à nourrir et rafraichir. Il est 4 heures de l'après-midi et même si nous sommes à un peu plus de 1200 m d'altitude, il fait très chaud.
C'est en m'approchant de cette partie du nid à terre que je me suis fait remarquer et il n'a pas fallut longtemps pour qu'une partie de la colonie commence à s'intéresser à moi. Plusieurs on levé la tête, se son envolées et sont venu de mon côté.
Je n'ai pas fait la fière... j'ai bêtement baissé les yeux, comme si j'avais eu à faire à un lion qu'il ne fallait pas affronter... et j'ai reculé tout doucement en espérant de toutes mes forces qu'ils n'y avait pas, derrière moi une autre partie du nid.
Je suis sortie du champs sans encombre, les bras recouverts de chair de poule pendant plus de 10 minutes... mais le sourire aux lèvres et la fierté au coeur.
A peine 15 jours plus tard, je remet ça ! et cette fois dans un champs à 200 mètres de chez moi.
Un nid encore plus grand, avec une activité absolument impressionnante.
Mais je l'ai vu d'assez loin celui là... ce n'est pas pour autant que les photos sont plus réussis d'ailleurs !
Pour ma décharge, la lumière commençait à baisser, et pour le coup, j'avoue être restée un peu en retrait cette fois ci.
n'empêche, au bout d'un moment, semblant repérer une guêpe vraiment
plus grosse que les autres, autour de laquelle je pouvais observer un
activité encore plus intense... je me suis demandé si je n'avais pas
sous mes yeux, madame la reine elle-même !
Je ne m'y connais pas
assez pour en être sûr... et même si, après recherche sur le Net, j'ai
le sentiment que cette fameuse, a bien la tailler requise... je n'ose
m'avancer au delà d'un léger doute...
Que ceux qui savent tranchent ! Dans le quart inférieur droit, de dos, plus sombre, avec deux points de chaque côté de la ligne centrale.